top of page

Mirroir des Arts

Un humble texte comme prétexte !? Histoire de présenter un jeune artiste autodidacte sans trop lever le mystère de son oeuvre. Et, tout compte fait, ne proposer ou faire que quelques «réflexions», mots en miroir dans le tain et le temps des images de Sandro Oliveira...

 

Loin de l’argentique désormais presque légendaire, ici le numérique annonce de suite la couleur. Voici donc un livre de photos graphiques, pour une exposition éponyme, dont

le titre dit tout en un mot, ou avec son reflet, en deux:reflex, eau...

L’outil fondamental et l’élément vital.

Tout va de pair et par paire, mais il ne s’agit pas de double... Il y a d’abord les continents et les pays : l’Amérique du Sud natale (Brésilien, S. Oliveira nait, en 1979, à Guaratingueta, ville de l’est de l’état de Sao Paulo) et l’Europe, la France surtout. Puis les genres et les pratiques: photographie et peinture puisque Sandro Oliveira s’est très vite exprimé à travers ces deux arts. Sa famille y est certainement pour quelque chose : une mère et une soeur qui peignent et, très tôt, un père qui l’incite à faire des portraits de famille. Encouragé par ses professeurs, il suit alors des cours de dessin

et de peinture à Sao Paulo. Suivent alors des études de radiologie avortées... Voilà qu’il plaque tout ! Entre 2003 et 2004 il voyage beaucoup : Angleterre, Italie, France. En

2008 il décide de s’installer à Paris. «C’est La ville des arts, avoue-t-il, et pour moi, vivre ici c’est un rêve chaque jour !... »

Dans la capitale, le brésilien affine ses goûts artistiques et perfectionne son français : cours du soir aux Beaux Arts et aux Arts Décoratifs, mais aussi à la Sorbonne.

Dynamique, enthousiaste, curieux de tout, Sandro Oliveira a gardé un regard d’enfant, une fraicheur d’esprit. Il voit les choses en poète, sans intellectualiser ni conceptualiser:

son travail artistique est spontané. Et le hasard fait bien les choses. Un jour il photographie le reflet d’un bateau dans l’eau, « comme ça », simplement, et s’aperçoit

ensuite que les volutes de l’image laissent apparaître les

traits d’un visage. Reflets, effets, image et magie... La photographie

« démasque » les choses de l’eau... de là... Le jeune artiste sent immédiatement qu’il tient là une vraie thématique. Et même s’il s’agit de numérique, elle ne demande

qu’à être développée. Les choses s’enclenchent très vite. La quête est toujours renouvelée. Au flux et au reflux des hasards et des lieux, le travail et le talent, se reflètent vite dans des expositions.

En 2011, la première, à Sao Paolo (galerie Palacete Scarpa), s’intitule, avec humour et humilité, «Regard d’un touriste ». Des images révélatrices (sous un angle nouveau, et

une prise de « position » insolite) des sites banalisés, ainsi renouvelés. Le succès est au rendez-vous, le jeune photographe obtient beaucoup de presse. L’année suivante, nouvel

effet de miroir, la seconde exposition, S. Oliveira mixe photographie et peinture (tableaux représentants certains «morceaux», cadrés, des clichés). Ce « Reflet d’une âme

brésilienne » a lieu, cette fois, à Paris (Maison du Brésil) et, en toute logique, hommage à l’élément qui irrigue l’oeuvre, se prolonge à Saint-Tropez, dans l’espace d’exposition que l’artiste a su investir durant l’été 2012. L’esprit nomade et

l’oeuvre fluide de Sandro Oliveira vogue désormais au fil des idées, des contacts, des pays : en Suisse par exemple (galerie Les Oréades, Genève).

Fort d’une thématique originale - ou insolite peut aussi rimer avec ésotérique -, Sandro Oliveira a su, en quelques années seulement, diversifier ses approches. De l’eau et

toujours plus haut dans la quête. À partir de l’élément naturel

et « divin » - eau de mer, eau de pluie – voir et savoir qu’il est possible de passer de l’émulsion à l’émotion pure.

Avec sensibilité et sensualité montrer une autre facette de l’être humain, du paysage, de l’architecture... Et ainsi approcher l’essence de la vie à travers L’élément qui la génère,

l’essence des choses et des gens. Tout aussi étonné que l’artiste, chaque spectateur voit dans ces images fixes étonnamment

mouvantes, émouvantes, un surprenant paysage, un visage insoupçonné, la forme d’un animal... Presque inconsciemment, dans un plaisir mâtiné de vertige, on se laisse aller à

visiter un monde méconnu, irréel. Les formes, les couleurs, le cadrage, tout évoque la peinture ; la réalité du reflet pour l’abstraction (lyrique souvent), la luminosité, l’irisation

et les modulations pour l’art cinétique ou psychédélique. Zoom sur la beauté, mise au point sur le rêve, gros plan sur l’Onde Autre, l’Outre Monde...

Le plus magique dans tout cela ? La simplicité de l’artiste dans sa pratique. Travailler sans repérage, sans idée préconçue, le matin ou l’après-midi pour espérer trouver de

la plus belle lumière possible sur l’eau : « ça c’est le côté brésilien » souligne-t-il avec en souriant. Cadrer, mais sans jamais, ensuite, recadrer; photographier «en direct»

au Canon 300S numérique mais ensuite, au bureau, sans bidouiller via Photoshop...

En un mot aller à la chasse aux illusions, avoir pour objectif la poésie. Etre un artiste voyageur aux pays des merveilles et des reflets.

Patrick Le Fur. Critique d’art.

bottom of page